samedi 15 octobre 2005

FRACTURES

C'est le comble de la fracture : elle est devenue un lieu commun.

La fracture est partout. En tellement d'endroits que je ne sais plus du tout où elle passe. Entre ceux qui ont les moyens d'apprécier une série comme The West Wing et ceux qui doivent se contenter des reality shows au premier degré ? Entre ceux qui ont les moyens d'acheter un logement et ceux qui ne l'ont pas ? Entre celle de mes classes qui identifie en quelques minutes une allusion au mythe des sirènes et celle qui ne concevra jamais la magie que portent les mots de mythe et d'allusion ? Entre ceux qui se battent pour un vieil idéal et ceux qui avouent tranquillement n'avoir à coeur que l'intérêt de leur famille ? Entre ceux qui occupent la vieille terre ferme d'Europe et ceux qui vivent sur les fractures permanentes d'autres continents ?
Lieux communs des fractures. Sociale, intellectuelle, géopolitique, idéologique, générationnelle.
Et cependant la fracture est la division absolue : elle passe au milieu de moi, et je ne sais plus sur quel bord je me tiens.

Je sais juste que ce n'est pas la fracture qui importe, mais les ponts qui la surplombent, les passeurs de ces ponts. Que ce rôle de passeur est ma vocation et mon métier, et le seul espoir que nous ayons.
La fracture, c'est quand le blog doit choisir entre la carte du tendre et l'étendard de l'engagement. Je suis des deux côtés.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

La fracture n'est peut-être qu'une forme violentée de la frontière... Et il serait alors normal que tu te retrouves en chacun de ses côtés.

Alba a dit…

Quelle belle formule, ma Shaya. Merci. Je l'adopte et m'en drape.