mercredi 13 septembre 2006

PHASES

Je m'endors. Paisiblement, pour une fois. Je suis si fatiguée, et je n'ai rien à craindre de mes rêves. Dream continue de veiller sur moi, malgré tout, malgré Desire.

Je bouillonne de rage. Je marche et respire au rythme de cette rage. Colère colère colère. Pourquoi devrait-il en être ainsi ? Pourquoi devrais-je payer ce prix ? Injuste, injuste. Je refuse. Je me battrai. J'enrage.

Bien sûr que je l'ai mérité. Après tout, j'ai dévasté sa vie. J'ai toujours su qu'il y aurait un prix à payer. Il est temps que je l'accepte.

J'abdique tout. Jusqu'à l'espoir. Que je le perde donc. Que je perde tout. Qu'il en soit ainsi. Qu'on me laisse juste dormir un peu.

Bien sûr que non. Combien de fois ai-je douté de lui, de son amour, et combien de fois l'a-t-il prouvé à nouveau, splendidement, au-delà de toutes mes espérances? Tout ira bien. Il suffit que je sois forte encore un peu, que j'attende encore un peu. Tout ira bien.

Redresse la tête. Souris. La grâce. C'est tout ce qui compte. C'est tout ce qui te reste. La grâce, oui. N'est-ce pas l'une des premières choses qu'il a aimées en toi ? Behave like a lady. C'est ta seule chance.

Je brille. Il est tout près. J'ai foi.
Oh, non.

J'enrage. Je vais rompre tout de suite ce pacte idiot.
Non.

Je pleure. Tout est fini, forcément.
Non.

Phases, phases.

Et pourtant je ne suis pas seule. Si peu seule. Pourtant chaque jour ils me réconfortent, chaque jour l'un d'eux me dit qu'il m'aime ou m'enveloppe de compliments.

Bats toi. Tu es une guerrière.

Ne pas pleurer.
Museler la colère qui couve, si près, qui menace de jaillir à chaque contrariété.
Rire, encore.
Chanter de toutes mes forces dans ma voiture.
M'attendrir, encore.
En faire trop. Devenir, le temps d'un état de grâce, le professeur Keating du Cercle des Poètes Disparus.

Ne pas pleurer, non, même quand je désespère.
Je désespère. Comment peut-il tenir, s'il m'aime ? Comment peut-il vouloir tenir ?

Je lis ses livres. Je ris, parfois. Mon esprit s'évade, parfois, et je recommence à penser et à sourire, à créer et à vivre. Mais cela dure si peu.

C'est le soir que je vais le mieux. Je suis, après tout, une fille de Dream, une enfant des Etoiles. Je m'endors heureuse et confiante. Pourquoi faut-il que l'éveil me dévaste, que le jour me ronge, chaque fois?

Phases, phases.
Je désespère.
J'enrage.
J'ai foi.
Ad lib.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Pacte stupide, we agree. Colère justifiée... mais ne la laisse pas tuer l'espoir, ça serait être réellement vaincue, abattue, à terre sans possibilité de se relever jamais. Phases, phases, oui, tu les dis si bien hélas, ces phases qui me ronge(ai?)nt depuis des années. Mais la patience grandit silencieusement en même temps. Et l'amour s'y étoffe.

Anonyme a dit…

(cf. Mail)

Anonyme a dit…

Faut-il forcément conserver un espoir ? Cette épreuve est peut-être survenue pour permettre une prise de conscience. Il est encore un peu tôt pour en juger, mais il ne faut pas s'accrocher à ce qui nous est refusé. Si vous êtes destinés l'un à l'autre, la vie vous réunira. S'il est ton BIEN, aucun mal ne se mettra durablement entre vous. Mais s'il n'est pas ton bien, il faudra l'accepter et changer de route, pour ne pas rester prisonnière d'une impasse. Et reprendre la marche, vers la bonne personne et le véritable amour.
Oui, je crois fort au Destin. Et aux Fées.

Anonyme a dit…

Si bien dit.

Mais je préfère croire que rien ne dure éternellement. Et surtout pas les séparations.

Anonyme a dit…

e pas entrer à mon tour dans la spirale infernale des mots que l'on préfère cacher.

Je pleure d'avoir découvert ce noeud gordien à trois brins. Trois brins que j'aime et estime.

Je pleure sur ces trois souffrances qui me sont chères et de n'en consoler aucune.

Je pleure d'être cette sentinelle sur son chemin de ronde qui regarde impuissante les restes de la bataille