vendredi 7 août 2009

UN JEDI APPREND ET SE SOUVIENT (1)

Hier, j'ai oublié une règle : le personnage principal d'un background est un héros. Ou un héros en devenir. Ou, au moins, un anti-héros. Quelqu'un qui est supposé avoir un destin, une vie passionnante, bref, qui pourra être le support d'une (plus ou moins) longue suite d'aventures.

Disclaimer : La Force, les Jedi, Coriscant, Yoda et les autres sont des noms déposés qui appartiennent sûrement à George Lucas et qui en tout cas ne m'appartiennent pas.
Conformément à la règle 1 énoncée hier, j'ai également emprunté d'autres noms propres à La Horde du Contrevent d'Alain Damasio et au cycle d'Ewilan de Pierre Bottero.


1. Ce qui fait briller les étoiles


« La Force, qu’est-ce que c’est ? »
Les padawans de six ans se tortillent, mal à l’aise, se coulent des regards en coin. N’est-ce pas aux Maîtres de leur enseigner cela ? Ne leur a-t-on pas dit de tout désapprendre, de se montrer humbles ?
Ils lèvent vers le Maître Jedi des yeux méfiants. Sans doute, c’est une des épreuves qu’on leur impose. Un petit Mon Calamari ouvre la bouche pour le dire : “La Force, nous ne savons pas encore ce que c’est”, il est sûr qu’il s’agit de la bonne réponse.
Mais une fillette a fait, avant lui, un pas en avant : une enfant frêle aux cheveux d’argent.
« Oui, Oroshi ?
— La Force, dit-elle d’une voix claire, c’est ce qui fait briller les étoiles. »
Un petit Corellien étouffe un ricanement méprisant. Le Maître se tourne vers lui, l’enfant se fige sous son regard.
« Rire, tu ne dois pas. Toujours par les images on commence. Toujours par le cœur. Les étoiles, une bonne image elles sont. Au-dessus, autour, partout. Belles, toujours là pour nous rappeler la lumière. Nombreuses aussi. »
Yoda promène son regard sur les padawans, et en particulier sur la fillette qui a répondu.
« Quand s’éteint une étoile, tristes nous sommes. Mais l’univers continue, la beauté continue, tout continue. »

Je n’ai jamais oublié ce jour, ni les paroles de Maître Yoda. J’aime toujours les étoiles. Je continue de voir en elles une des plus belles et des plus pures images de la Force. Pour toutes ces raisons, parce qu’elles sont proches et lointaines, parce qu’on peut apprendre leurs noms et en découvrir sans cesse de nouvelles, parce qu’on peut découvrir leurs lois et que certains de leurs mystères nous demeurent inconnaissables.
Et puis il y a les autres raisons. Il m’a fallu plusieurs années pour comprendre que l’enseignement permettait aussi aux Maîtres de découvrir des choses sur nous, de comprendre nos forces et nos faiblesses, pour savoir ensuite à quel pédagogue et à quelle voie nous destiner. Si j’ai d’abord vu la Force dans les étoiles, c’est aussi, bien sûr, à cause de la tradition des Qel’Sayan, de ma mère astrophysicienne, des tours de nos cités s’élançant dans le ciel, de la longueur de nos nuits d’été.
La dernière phrase de Maître Yoda formulait une voie, celle que depuis je m’efforce de suivre. Celle que j’ai calligraphiée, quelques années plus tard, sur le tombeau de mon grand-père, transposée en haïku. Une piètre formulation, mais même à présent je ne suis ni grand poète ni grand philosophe, et alors je n’avais que neuf ans.

Une étoile s’éteint
Coule une larme de l’univers
Et tout continue

Chaque année, on nous a posé la même question. Je me suis tue, depuis. J’ai appris un peu tard à ne pas me faire remarquer. Non : je n’ai jamais appris.
Mais sans doute répondrais-je différemment, aujourd’hui.


A suivre…

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