mercredi 19 janvier 2011

IDENTITÉ : RÔLISTE

Je suis rôliste, donc.
J'aime bien ce mot, en français, parce qu'il insiste sur le rôle plutôt que sur le jeu. Vieux débat. Pourtant je suis joueuse aussi. Il m'est arrivé, au moins deux fois, de jouer une joueuse.
J'aime aussi le jeu de rôles pour les mises en abyme qu'il offre.

Je suis rôliste parce que j'aime les histoires, j'aime en raconter et que l'on m'en raconte ; j'aime les héros (même noirs, même anti-) ; j'aime le dépaysement, les batailles épiques, les terres inexplorées et les cartographies mystérieuses ; j'aime l'Histoire aussi, et le voyage dans le temps ; je suis rôliste parce que j'aime tricher et démultiplier mes identités, mes possibles.
C'est le thème du Voyage qui domine, n'est-ce pas?
Oui, le rôliste est un explorateur. De mondes, de temps, de caractères, de possibilités, de ses propres facettes.

Cette identité-là m'a offert maintes intensités, maints souvenirs, maints textes (le rôliste est aussi, presque toujours, quelqu'un qui écrit), et même des amours. Des amours imaginaires, certes, mais pas moins belles, pas moins fortes, d'avoir pour objet Corwin, Vykos ou Porthos Fitz-Empress.
J'ai aussi d'intenses souvenirs de maîtrise, ceux que m'ont donné Jorune et ses tourments, Edgar et ses quêtes, Adrien enchaîné à son Arbre…
Et des amis, des amours, réels.
Cette identité-là est une de celles que je partage avec mon Amour.

Ces dernières années, il semblait que les rôlistes français étaient condamnés à vieillir et s'éteindre, si je puis le formuler aussi mélodramatiquement. Nous devenions trentenaires et les plus jeunes générations ne semblaient plus s'intéresser à de tels jeux.
Une identité menacée, donc, comme celles dont parle Amin Maalouf.
Conséquence de cette menace, mécanisme d'auto-défense? Ou belle flamme venant la contredire?
Toujours est-il que le monde du jeu de rôles français redevient plus vivace que jamais.
Les signes en sont nombreux, de la résurrection du mythique magazine Casus Belli au grand nombre de nouveaux jeux publiés récemment en France — souvent aussi par de nouveaux éditeurs. Peut-être en reparlerai-je.

L'un de ces signes est le beau magazine Di6dent qui, après un bel essai modestement considéré comme n°0, consacre son n°1 aux femmes dans le jeu de rôles, dossier pour lequel j'ai eu l'honneur de m'exprimer ici.

Ledit numéro 1 est disponible en PDF au prix défiant toute concurrence de 3 euros, pour 164 pages riches et intéressantes.
Le dossier sur les femmes est particulièrement bien traité. Mention spéciale aux conseils aux MJ masculins pour incarner des personnages féminins, en utilisant finement et dépassant les archétypes (signés Sébastien Delfino), à la question des personnages féminins dans les jeux à cadre historique, et au très beau scénario pour Tenga rédigé par l'auteur du jeu, Jérôme "Brand" Larré, où les joueurs incarnent les épouses de samouraïs partis au combat.

Autre dossier intéressant et bien traité, et qui me touche aussi d'assez près, celui consacré à "la Suisse, l'autre pays du jeu de rôles".

2 commentaires:

Jorune a dit…

Bon déjà, bon anniversaire en retard!
Ensuite, belle réflexion que cet article.
C'est étonnant de voir que ce qui a démarré il y a bien des années comme un hobby peut aujourd'hui participer de notre identité et constituer à la fois un prisme de notre regard sur le monde (du regard du monde sur nous?) et un élément constituant de notre identité.
Allez, je cours acheter ce magazine, depuis le temps que je le dis!

Alba a dit…

Ne t'en fais pas, pour l'anniversaire, Oona et toi êtes en avance. ^^